Perturbateurs endocriniens et endométriose : Comment réduire les risques ?
- Vie Saine Care
- 19 déc. 2024
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 déc. 2024
Des douleurs lancinantes, un cycle perturbé, et souvent des années d’errance médicale avant d’obtenir un diagnostic clair : telle est la réalité de nombreuses femmes atteintes d’endométriose. Cette maladie, qui touche près de 10 % des femmes en âge de procréer, reste encore largement sous-estimée et incomprise¹. Pendant que le diagnostic tarde, des facteurs environnementaux pourraient contribuer à aggraver la situation².
On entend de plus en plus parler des perturbateurs endocriniens, ces composés chimiques qui se cachent dans des objets du quotidien : plastiques, cosmétiques, produits ménagers. Leur omniprésence est alarmante, car ils sont capables de perturber notre système hormonal, et leur rôle potentiel dans le développement de l’endométriose commence à faire surface³. Ces dernières années, de plus en plus d’études pointent du doigt l’impact potentiel des perturbateurs endocriniens sur l’apparition et l’aggravation de la maladie.
Dans cet article, nous décryptons l’impact de ces substances et partageons des conseils pratiques pour limiter leur influence. Vie Saine fait le point pour vous:
Quels sont les perturbateurs endocriniens mis en cause ?
Les perturbateurs endocriniens regroupent des substances chimiques capables d’interférer avec notre système hormonal⁴. On les retrouve dans de nombreux produits du quotidien : plastiques, cosmétiques, produits d’entretien, vêtements, et même dans certains aliments. Parmi les plus étudiés en lien avec l’endométriose, on trouve :
Le bisphénol A (BPA), souvent utilisé dans les plastiques.
Les phtalates, présents dans les emballages alimentaires et certains produits de beauté.
Les parabènes, utilisés comme conservateurs dans les cosmétiques.
Les composés perfluorés (PFCs), présents dans les textiles et ustensiles de cuisine antiadhésifs.
Les polluants organiques persistants (POPs) : Ces composés incluent les biphényles polychlorés (PCB), les pesticides organochlorés (comme le DDT), et les dioxines. Même si la plupart de ces polluants ont été interdits en Europe depuis une dizaine d’années, ils restent actifs dans l’environnement sur de longues périodes et nous les retrouvons toujours dans les organismes aujourd’hui⁴.
Ces substances peuvent perturber la régulation hormonale en mimant ou en bloquant l’action des hormones naturelles, créant ainsi un déséquilibre qui pourrait contribuer à l’apparition ou à l’aggravation de l’endométriose³.
Pourquoi s’en préoccuper ?
Plusieurs études scientifiques soulignent le rôle potentiel des polluants dans l’endométriose, nous allons ici en aborder quelques-unes:
Étude sur les polluants organiques persistants (POPs)⁵
Une méta-analyse de 2019 a identifié une association entre certains POPs, tels que les biphényles polychlorés (PCB) et les pesticides organochlorés, et un risque accru d’endométriose.
Les perturbateurs endocriniens dans le tissu adipeux⁶
Une étude française de 2017 a révélé des concentrations élevées de polluants organiques dans le tissu adipeux des femmes atteintes d’endométriose profonde - en clair, ils restent stocker dans la graisse - suggérant un rôle direct de ces substances dans la maladie.
Méta-analyse sur les perturbateurs endocriniens et l’endométriose⁷
En 2019, une autre méta-analyse a corroboré les résultats précédents en montrant que des substances comme les dioxines et les PCB augmentent le risque d’endométriose. Ces substances, par leurs propriétés perturbatrices, pourraient altérer les mécanismes hormonaux et inflammatoires associés à la maladie⁷.
Même si les auteurs de ces études soulignent la nécessité d’effectuer des recherches supplémentaires, ces dernières renforcent tout de même l’hypothèse que l’exposition répétée à certains perturbateurs endocriniens pourrait jouer un rôle dans l’apparition ou l’aggravation de l’endométriose.
L’endométriose fait par ailleurs l’objet d’une surveillance nationale dans le cadre de la Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens coordonnée par Santé publique France. Cette surveillance passe en particulier par le suivi de l’évolution de l’incidence de la maladie, réalisé depuis 2011⁸.
Alors, que faire pour réduire l’exposition aux perturbateurs endocriniens ?
Bien que le rôle exact des perturbateurs endocriniens dans l’endométriose ne soit pas encore entièrement élucidé, des gestes simples permettent de limiter leur présence dans votre quotidien⁹:
Éviter les contenants en plastique pour les aliments :
Préférez des contenants en verre ou en acier inoxydable, surtout pour chauffer ou conserver vos aliments.
Réduisez l’usage de films plastiques et d’emballages non recyclables. Prêtez attention aux numéros inscrits dans le symbole de recyclage sur les plastiques : certains, comme les numéros 3 (PVC), 6 (polystyrène) et 7 (plastiques divers), contiennent souvent des substances chimiques potentiellement toxiques, comme les phtalates ou le bisphénol A. Préférez les plastiques portant les numéros 1, 2, 4 ou 5, considérés comme plus sûrs.
Choisir des produits de beauté et d’hygiène naturels :
Lisez les étiquettes et privilégiez les cosmétiques sans parabènes ni phtalates.
Optez pour des marques labellisées bio ou naturelles.
Privilégiez les produits avec des listes d’ingrédients courtes.
Privilégier des textiles non traités chimiquement :
Préférez les vêtements en fibres naturelles non traitées, comme le coton bio, la laine ou le lin.
Faites attention aux tissus synthétiques, comme le polyester ou le nylon (que l’on retrouve très régulièrement dans les enseignes de prêt-à-porter), car ils sont fabriqués à partir de produits pétrochimiques et souvent traités avec des substances chimiques (antitaches, ignifuges) pouvant libérer des composés toxiques au contact de la peau.
Lavez les vêtements neufs avant de les utiliser. Utilisez une lessive hypoallergénique et sans parfums, car certaines lessives conventionnelles contiennent des produits toxiques tels que des tensioactifs agressifs ou des conservateurs, qui peuvent rester sur les vêtements et irriter la peau.
Consommer des aliments frais et bio :
Réduisez la consommation d’aliments transformés, souvent emballés dans des plastiques contenant des perturbateurs endocriniens.
Lavez soigneusement vos fruits et légumes pour éliminer les résidus de pesticides.
Aérer votre intérieur :
Les polluants volatils issus des produits ménagers, peintures et meubles peuvent s’accumuler dans l’air intérieur. Aérez quotidiennement.
Conclusion : on résume?
L’endométriose est une maladie complexe et encore trop méconnue, mais des pistes émergent pour mieux comprendre et limiter certains de ses facteurs aggravants, comme les perturbateurs endocriniens. Voici les points essentiels à retenir :
Perturbateurs endocriniens identifiés : Bisphénol A, phtalates, parabènes, composés perfluorés et polluants organiques persistants sont les principaux suspects liés à l’endométriose.
Impact des perturbateurs : Ces substances perturbent l’équilibre hormonal et pourraient contribuer à l’apparition ou l’aggravation de la maladie.
Études scientifiques : Les recherches confirment un lien potentiel entre ces substances et l’endométriose, bien que des travaux supplémentaires soient nécessaires. Recommandations pratiques :
Évitez les plastiques et privilégiez des contenants en verre ou inox.
Optez pour des cosmétiques et produits ménagers naturels.
Préférez des vêtements en fibres non traitées et consommez des aliments bio.
Aérez régulièrement votre intérieur.
En intégrant ces gestes simples au quotidien, il est possible de réduire l’exposition aux perturbateurs endocriniens et de favoriser un environnement plus sain. Ces actions, combinées à la sensibilisation et à la recherche, peuvent aider à mieux lutter contre l’impact de cette maladie.
Si vous ressentez des symptômes qui vous semblent inhabituels ou invalidants, n’hésitez pas à consulter un praticien à l’écoute, qui prendra vos douleurs au sérieux et vous accompagnera dans votre parcours de soin. Sources:
¹Fondation Endométriose (lien)
²HAS, Recommandations sur l’endométriose (lien)
³INSERM, Dossiers thématiques : Perturbateurs endocriniens (lien)
⁴PubMed, “Environmental exposures to endocrine disrupting chemicals (EDCs) and their role in endometriosis” (lien)
⁵ PubMed, Méta-analyse : Endometriosis and POPs (lien).
⁶Environmental International, "POPs in adipose tissue and deep endometriosis
⁶PubMed, “The risk of endometriosis after exposure to endocrine-disrupting chemicals (lien)
⁷PubMed, “Environmental exposures to endocrine disrupting chemicals (EDCs) and their role in endometriosis” (lien) ⁸Santé publique France, Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (lien).
⁹Sante.gouv, “Mieux comprendre les perturbateurs endocriniens” - (pdf)
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